Le 25 septembre prochain, je voterai oui à la réforme AVS21. Par solidarité envers les générations futures. Nous devons assurer ensemble la pérennité de notre assurance vieillesse et survivants, dont le financement est aujourd’hui sérieusement menacé. Au moment où nous traversons une période de turbulences et d’incertitudes, la Suisse ne peut pas se permettre de mettre en péril un des piliers fondamentaux de notre politique sociale.
Un oui de solidarité mais aussi de raison. Les déficits de l’AVS se creusent d’année en année, en raison de l’évolution démographique et du vieillissement de la population. ll y a toujours plus de retraités et moins de personnes actives pour financer des rentes versées sur une durée toujours plus longue. Si rien n’est entrepris, le trou de notre assurance vieillesse et survivants atteindra alors 26 milliards d’ici 2030. Une personne ayant travaillé et cotisé toute sa vie ne sera plus assurée d’avoir une retraite pleine. Ce serait une profonde injustice.
Ne rien faire n’est pas une solution. Nous avons déjà trop tardé. La dernière révision réussie du premier pilier a eu lieu il y a plus de 25 ans. Nous ne pouvons pas non plus tabler sur les recettes de notre Banque nationale pour remplir les caisses comme le demandent la gauche et les syndicats. Nous avons besoin d’une réponse durable et équilibrée, qui prenne en compte les intérêts de toutes les générations et de tous les sexes. Une modernisation du système qui garantit le niveau des rentes et stabilise les finances de notre assurance vieillesse. C’est ce que propose AVS21.
La réforme AVS 21 passe par l’harmonisation de l’âge de référence pour les femmes et les hommes. Objet de toutes les batailles. La Suisse est pourtant l’un des rares pays de l’OCDE à ne pas avoir encore harmonisé l’âge de la retraite, avec l’Australie, l’Autriche, la Pologne et la Turquie. Dans un souci d’équilibre, ces changements s’accompagneront de mesures compensatoires pour les femmes concernées. Il s’agit d’une composante sociale importante, car elle doit bénéficier en priorité aux femmes aux revenus les plus modestes.
Toutefois, on ne peut pas demander ce sacrifice aux femmes sans prendre en considération les inégalités qui les frappent encore de nos jours. Et ce n’est pas en renvoyant la réforme au Parlement que ces discriminations vont disparaître. Nous devons éliminer celles qui subsistent, notamment au niveau de la prévoyance sociale avec le 2ème pilier, de l’égalité salariale et de la fiscalité.
Je suis prête à travailler une année de plus mais j’attends que tout soit fait pour que l’égalité soit enfin concrétisée. Par exemple par l’imposition individuelle : aujourd’hui la taxation conjointe des couples mariés pénalise les revenus des femmes, qui sont taxés à un taux beaucoup plus élevé que s’ils ne l’étaient individuellement. Une situation qui touche près de neuf familles sur dix.
La taxation actuelle sanctionne non seulement les couples mariés, par rapport aux concubins, mais prive aussi l’économie d’une main-d’œuvre dont elle a besoin. Elle décourage souvent le retour des femmes sur le marché du travail, après un congé maternité. Et elle ne favorise pas non plus une augmentation de leur taux d’activité. Le marché suisse perd ainsi des femmes compétentes alors qu’il peine à recruter du personnel qualifié.
En travaillant moins, les rentes AVS de femmes sont aussi moins élevées quand elles partent à la retraite. Il est donc important de mettre en place un modèle d’imposition individuelle équitable où chaque revenu est taxé individuellement. L’initiative populaire « Pour une imposition individuelle indépendamment de l’état civil », dont la récolte de signatures vient d’aboutir est un moyen d’y parvenir. J’espère qu’elle sera largement soutenue.
Si nous faisons appel à la solidarité intergénérationnelle pour assurer un financement à moyen terme de nos retraites, cette même solidarité doit aussi se décliner en faveur de l’égalité entre femmes et hommes. C’est le prix d’une société plus juste et responsable.
Jacqueline de Quattro, Conseillère nationale PLR (VD)